Vous pourrez trouver dans Le Nouvel Observateur de cette semaine (28 juillet au 3 août) une interview très interessante de Tsuyoshi Hasegawa (directeur du Centre d’Etude de la Guerre Froide à l’université de Santa Barbara, Californie). Ce monsieur vient de publier Racing the Ennemy. Dans son livre il explique que Truman, Staline ainsi que Hirohito aurait pu éviter le lancement des deux bombes atomiques. Et qu’elles n’étaient pas innévitables comme on nous le répète et qu’elles n’ont pas non plus apportées la reddition du Japon comme aime bien le raconter nos livres d’histoire.

La première chose que l’on apprend c’est que l’histoire a été re-écrite. Truman n’a pas lancé la bombe pour sauvé la vie de 500.000 GI, surtout que l’estimation des pertes qu’on lui avait apporté n’en mentionnait que 31.000. Truman avait en fait pour idée de lancer les bombes et d’ensuite envahir le Japon.
C’est aussi faux, lorsque l’on nous dit qu’il a donné l’ordre de lancer les bombes qu’après avoir eu le refus de capituler du Japon le 26 juillet 1945. Son ordre de lancer des bombes datait du 25 juillet. Remarquons aussi au passage qu’il a pris la décision seul sans faire une réunion pour peser le pour et le contre de l’utilisation de l’arme atomique.
Kyoto a échappé de peu au premier lancé. Hiroshima l’a remplacé dans le rôle de première victime de l’arme atomique car elle était moins connue et que donc elle risquait moins de tacher l’image des Etats Unis.
Quand à Nagasaki, les généraux américains étaient tous d’accord sur le fait qu’il fallait lancer deux bombes sur la Japon : pour affirmer la puissance de l’arme atomique aux yeux du monde et montrer au passage que l’US Air Force en avait plusieurs en réserve. Nagasaki n’était qu’en troisième positions sur la liste. Cependant, le jour du lancé, la deuxième ville, Kokura, avait une méteo trop mauvaise. Au passage soulignons que Truman a préservé Hiroshima et Nagasaki à partir de mai 1945 de tout bombardement, ceci enfin de mieux montrer la puissance destructice de l’arme atomique.
Truman s’est empressé de lancer la bombe afin de prendre de court Staline qui avait prévu d’attaquer le Japon le 15 août 1945.

Ceci nous amène donc au rôle de Staline. Staline avait pour idée de récuperer l’Asie ainsi que Hokkaido. Il lui fallait donc amener ses troupes d’Europe en Asie. Et il fallait alors que la guerre continue. Ça tombait bien. Les japonais ne voulaient pas traiter directement avec les américains, croyant qu’ils obtiendraient plus en passant par un intermédiaire. Et comme ils avaient signé un pacte de non-agression avec Staline, ils se sont tourner vers lui. Les russes en ont alors profité pour faire trainer les relations diplomatique pendant un mois ceci grace à la naiveté du gouvernement japonais.

En ce qui concerne Hirohito, la légende est fausse, cet empereur se tenait très au courant des évolutions de la guerre et ils appuyaient les décisions. Cet homme était prêt à sacrifier des dizaines de villes sous les bombes atomiques afin de guarder son pouvoir. D’ailleurs la destruction de Nagasaki n’a eu aucun echo dans le conseil des ministres japonais. Ce qui a motivé Hirohito a capitulé c’est la menace communiste. Il esperait quand ce rendant au américains il garderait sa place, et ce fût le cas.

Tout ce que l’on apprend est très révoltant, d’autant plus que juste avant cette interview, il y a un article avec des témoignages de hibakushas (irradiés). Des personnes défigurées, avec des maladie inconnues, qui n’ont eu droit à un statut il n’y a que très peu de temps au Japon. Ils n’ont reçu aucun soin, les américains ont juste prelevé des échantillons pour leur expériences. Et surtout la peur qu’ils provoquent, et qu’ils leur obligent à mentir pour ne pas se faire rejeter d’un peu partout. J’ai envie de terminé avec le témoignage Hiroko Hatakeyama qui a confié au journaliste du nouvel obs en pleurant :

Parce que vous êtes étranger, je vais vous révéler quelque chose que je n’ai jamais dit à personne au Japon : ma fille vient d’accoucher d’un enfant à 6 doigts. Est ce dû aux radiations que j’ai reçues il y a soixantes ans? Je ne peux m’empêcher de le penser et de me sentir coupable.